Bienvenue sur Vignes de Tarentaise
UN PATRIMOINE PLUS QUE MILLENAIRE
Le vignoble de Tarentaise est le premier de France….. en venant d'Italie ! Voila une petite blague que certains, dans quelques années, ne regretteront pas. Lire la suite...
Ce vignoble pourrait être aussi le premier de France, en terme d'ancienneté, si l'on sait l'importance que joua la Tarentaise dans la traversée des Alpes dès le néolithique (5000 av. JC). La diffusion des connaissances venant d'orient passa nécessairement par ce couloir alpin, et on peut imaginer l'implantation de la vigne sur ses adrets ensoleillés en des temps forts anciens. Rien n'affirme cette hypothèse, mais elle entretient la plaisanterie!
L'établissement des troupes romaines à Axima (Aime) au 1er siècle peut laisser supposer l'existence ou, du moins, l'arrivée de la vigne dans la vallée à cette même époque. La relation entre les romains et le vin ne laisse aucun doute quant à l'existence de la vigne durant leur administration des Alpes Grées. Des cas avérés confirment l'installation romaine sur des sites propices à la viticulture ; Martigny en Suisse, Trèves en Allemagne.
Au fil du temps, l'essor du vignoble de Tarentaise, encouragé par l'Eglise et le commerce, ne démentit pas l'intérêt des populations locales pour cette culture. Au 19ème siècle, la vigne couvrait, entre Albertville et Bourg-Saint-Maurice, 2000 hectares de coteaux, soit l'équivalent du vignoble actuel de Savoie.
Aujourd'hui, quelques vignerons amateurs, insensibles aux railleries et quolibets (on est dans l'humour vache ici!), s'acharnent à entretenir les derniers hectares de vignes sur ces adrets pentus, aux climat et terroir exceptionnels par leurs contrastes.
UNE SITUATION IDEALE
D'un point de vue géographique, les vignes se situent légèrement au nord du 45ème parallèle (75 km) et se concentrent sur les coteaux exposés plein sud. Lire la suite...
Établi au cœur des massifs centraux alpins, ce vignoble possède une grande variété de sous-sols : gypses de Villette, schistes carbonifères de la Côte d'Aime et Valezan, schistes de la vallée de Bozel.
LES VIGNES
Au 19ème siècle, Victor PULLIAT et Pierre TOCHON recensèrent plusieurs variétés propres à la vallée : le guy noir (le gouche), le rogettaz, le rogin, le belochin (ocanette), le guy blanc, le verpellin blanc et le blanc verdan, le hibou noir. Lire la suite...
Le vignoble a été replanté principalement en cépages précoces ; le gamay pour la structure du vin et l'alicante-bouschet pour sa couleur. Par la suite, on remplaça les plants morts par des plants hybrides (seibel, noah, clinton, baco, isabelle, othello,…), variétés à gros rendement quantitatif et résistant bien aux maladies. Le seibel 5455 (plantet) a obtenu un joli succès auprès des paysans tarins. Ceux-ci déjà fort occupés par le bétail, les foins, les moissons, les vergers, le bois, le potager, l'entretien des bois, des chemins et des murets, avec en plus un travail à la mine ou à l'usine, ont trouvé dans ce cépage un bon moyen pour alléger le fardeau des traitements.
Avant le phylloxéra, la reproduction des ceps s'effectuaient par marcottage ou bouturage, garantissant ainsi la diversité et la pérennité de l'encépagement local. Par la suite, il était indispensable de s'approvisionner en plants greffés auprès des pépiniéristes, lors des foires locales, pour assurer le renouvellement des vignes. Quelques fois peu scrupuleux, ces commerçants écoulaient leurs invendus "du bas", souvent inadaptées aux climats des hautes vallées.
Aujourd'hui , il en résulte un vignoble à l'encépagement très surprenant où se côtoient de nombreuses variétés précoces, tardives, en noir en blanc ou en gris, véritable casse-tête pour arrêter la date des vendanges! Préserver de toute forme d'agriculture intensive depuis toujours, ce terroir se définit aussi comme une référence en matière de vin naturel.
LE PACHE
Du français "pieu", origine du latin "vallus" ou "spica" (piquet). Lire la suite...
Ne pas confondre avec "pachon", piquet servant à attacher les vaches en champ (pachonnée), et "pas", pieu à deux fourches servant à immobiliser la vache à saillir.
Dans les années 1960, ce mot est repris par les jeunes de la vallée pour qualifier le vin produit en Tarentaise (sur les versants du soleil) et le différencier du vin de "commerce" que l'on trouvait chez les négociants.
Contrairement aux idées reçues, il n'y a pas de rapport avec le terme patois "pachêr" (à bas prix, sans valeur), et "piquette"!
Ces vignobles hétéroclites donnent un vin rouge peu alcoolisé. La macération dure entre 10 et 15 jours, procurant une teinte pourpre à reflets bleutés très soutenue, du fait de l'importance des cépages teinturiers. Chez les anciens, le rajout d'eau (~5%) au moment de la chaptalisation permet aussi d'éclaircir les mouts et d'en diminuer l'acidité. Une fois la fermentation terminée, le vin est soutiré dans des fûts en bois et repose tout l'hiver en cave, bien au frais, parfois au chalet d'alpage. Il réalise sa fermentation malolactique au printemps, avec le retour des beaux jours. Cette opération, très surveillée des vignerons, provoque une légère gazéification ; on dit alors que le vin "fait ses pâques".
A l'ouverture du tonneau, le vin est frais (jeune), gouleyant, fruité, un vrai délice. Hélas, ce bonheur s'efface au fur et à mesure que l'oxydation apparait. La fin du tonneau donne la grimace, mais on ne la gâche pas pour retrouver au plus vite le plaisir d'une nouvelle percée. Cette parcimonie nous rappelle la dureté d'une existence passée dans ces vallées.
Ce vin de soif a été baptisé "paché", terme patois qualifiant le piquet servant à tenir relevés les sarments dans la vigne. Par extension, et d'après une des nombreuses légendes circulant à ce sujet, il aurait aussi soutenu l'ambiance locale avant l'arrivée des bienfaits de la société de consommation.
Le paché est un vin bien adapté aux besoins d'une époque de labeur, où les travaux des champs exigeaient une boisson désaltérante tout en procurant de l'émulation et du réconfort, pas l'ivresse.
Aujourd'hui, le vin est un produit de plaisir, s'achetant par rapport à une étiquette et un prix, reflétant plus une échelle sociale qu'une qualité. Il se consomme lors d'un repas, selon des modes et un protocole bien établis. Il est proscrit après l'effort et remplacé par les pilules du bonheur pour soigner le vague à l'âme.
Face à cette concurrence, le paché, illustre représentant de la culture tarine, devient une boisson désuète. Les nouvelles générations, plus sensibles au consumérisme qu'à leur environnement, renient cet héritage garantissant l'entretien et la variété des paysages, la valorisation d'un patrimoine foncier et la transmission d'une culture, essence même de notre civilisation. Cette perte d'identité reflète bien les paradoxes sociétaux du moment : globalisation/identité, santé/consommation de masse, culture/prêt à penser!
Pourtant, la capacité de produire un paché adapté aux nouveaux standards de consommation existe, un vin sain et naturel.
Nos voisins du Val d'Aoste et du Valais ont depuis longtemps saisi l'enjeu de sauvegarder les vignobles dans leurs vallées et continuer d'y produire un vin, quelque soit le coût. La dynamique de leur viticulture prouve l'intérêt économique et sociétal de cette démarche.