Dernière nouvelle

Première intervention de la saison pour les vignes partagées : samedi 16 mars nous commencerons la taille.
Rendez-vous à 8h30 au Clos

(accès par le Villard de la Côte d'Aime, après l'auberge de Cassiel ; stationnement conseillé à l'entrée du chemin des vignes)
Pensez à vous munir de votre sécateur.

Suite de nos interventions dans les vignes partagées : mercredi 20 mars (RV à 8h30 au Clos comme aujourd'hui).
Nous terminerons la taille (et les piquets) de la vigne de Lucie, puis nous nous occuperons de celles de Michel et Patricia (en fonction du nombre de participants).
A bientôt dans les vignes,

Vignoble de Tarentaise

POUR LA SAUVEGARDE DES VIGNOBLES DE TARENTAISE

UN PATRIMOINE PLUS QUE MILLENAIRE

Le vignoble de Tarentaise est le premier de France … en arrivant d'Italie ! Voila une petite blague que certains, d'ici quelques années, ne regretteront pas. En effet, les deniers hectares viticoles de la vallée risquent de disparaître au profit de la friche.

Ce vignoble pourrait être aussi le premier de France, en terme d'ancienneté, si l'on sait l'importance que joua la Tarentaise dans la traversée des Alpes dès le néolithique (5000 av. JC). La dissémination des hommes et des connaissances venant d'orient passa forcément par la vallée, et on peut imaginer l'implantation de la vigne sur ses adrets ensoleillés en ces temps forts reculés. Rien n'affirme cette hypothèse, mais elle entretient la plaisanterie…

L'établissement des troupes romaines à Darentasia (Tarentaise) au 1er siècle peut laisser supposer l'existence ou, du moins, l'arrivée de la vigne dans la vallée. La relation entre les romains et le vin ne laisse aucun doute quant à l'existence de la vigne durant leur administration des Alpes Grées. Des cas avérés confirment l'installation romaine sur des sites propices à la viticulture ; Martigny en Suisse, Trèves en Allemagne.

Au fil du temps, l'essor du vignoble de Tarentaise, encouragé par l'Eglise et le commerce, ne démentit pas l'intérêt des populations tarines pour cette culture. Au 19ème siècle, la vigne couvrait, entre Albertville et Bourg-Saint-Maurice, 2000 hectares de coteaux, soit l'équivalent du vignoble savoyard actuel.

Aujourd'hui, quelques vignerons amateurs s'acharnent à entretenir 20 ha de vignes sur de raides coteaux aux conditions climatiques remarquables et au terroir exceptionnel pour sa diversité.
 

UNE SITUATION IDEALE

Du point de vue géographique, les vignes se situent légèrement au nord du 45ème parallèle et se concentrent sur les coteaux exposés sud-sud-est, sud-sud-ouest.

L'altitude d'implantation varie entre 600 et 850 mètres influant un retard de 5 à 7 jours sur les vignes de la Combe de Savoie. Le foehn, vent chaud continental, tempère les influences océaniques et procure à la vallée une arrière saison magnifique, permettant ainsi une bonne maturation du raisin en octobre. L'amplitude d'ensoleillement dépasse, aux belles saisons, les 14 heures par jour sur le versant d'Aime.

Implanté, au cœur des massifs centraux alpins, ce vignoble possède une grande variété de sous-sols : gypses de Villette, schistes carbonifères de la Côte d'Aime et Valezan, schistes de la vallée de Bozel.

LES VIGNES

Au 19ème siècle, Victor PULLIAT et Pierre TOCHON recensèrent plusieurs variétés propres à la vallée : le guy noir (le gouche), le rogettaz, le rogin, le belochin (ocanette), le guy blanc, le verpellin blanc et le blanc verdan.

Cet encépagement d'origine a été perdu suite à la crise du phylloxéra. Cependant, des souches de douce noire ont été retrouvées et sont conservées par quelques pépiniéristes.

il a été replanté principalement en cépages précoces ; le gamay pour la structure du vin et l'alicante-bouschet pour sa couleur. Par la suite, on remplaça les plants morts par des plants hybrides (seibel, noah, clinton, baco, isabelle, othello, …), variétés à gros rendement quantitatif et résistant bien aux maladies. Le seibel 5455 (plantet) a obtenu un joli succès auprès des paysans tarins. Ceux-ci déjà fort occupés par l'élevage, les foins, les moissons, les vergers, le bois, le potager, l'entretien des bois, des chemins et des murets, avec en plus un travail à la mine ou à l'usine, ont trouvé dans ce cépage un moyen idéal pour perpétuer la tradition viticole. Nous étions à une époque ou les loisirs et la télé avaient peu d'emprise sur l'emploi du temps.

Souvent plus tardifs, ces cépages manquent de maturité au moment des vendanges (1ère quinzaine d'octobre).

LE PACHE

Ces vignobles hétérogènes donnent un vin rouge peu alcoolisé. La macération dure entre 10 et 15 jours, procurant une teinte pourpre à reflets bleutés très soutenue, du fait de l'importance des cépages teinturiers. Le rajout d'eau (~5%) au moment de la chaptalisation permet aussi d'éclaircir les mouts et de diminuer l'acidité. Une fois la fermentation terminée, le vin est soutiré dans des fûts en bois et repose au frais tout l'hiver en cave, parfois au chalet d'alpage. Il réalise sa fermentation malolactique au printemps, avec le retour des beaux jours. Cette opération, très surveillée des vignerons, provoque une légère gazéification ; on dit alors que le vin fait "ses pâques".

A l'ouverture du tonneau, le vin est frais, gouleyant, fruité, un vrai délice. Hélas, ce bonheur s'efface au fur et à mesure que l'oxydation apparait. La fin du tonneau donne la grimace, mais on ne la gâche pas pour retrouver au plus vite le plaisir d'une nouvelle percée. Cette parcimonie nous rappelle la dureté d'une existence passée dans ces vallées. .

Ce vin de soif a été baptisé "paché", terme patois qualifiant le piquet servant à tenir relevés les sarments dans la vigne. Par extension, et d'après une des nombreuses légendes circulant à ce sujet, il aurait aussi soutenu l'ambiance locale avant l'arrivée des bienfaits de la société de consommation.

Le paché est un vin bien adapté aux besoins d'une époque de labeur, où les travaux des champs exigeaient une boisson désaltérante tout en procurant de l'émulation et du réconfort, pas l'ivresse.

Aujourd'hui, le vin est un produit de plaisir, s'achetant par rapport à une étiquette et un prix, reflétant plus une échelle sociale qu'une qualité. Il se consomme lors d'un repas, selon les modes et un protocole bien établi. Il est proscrit après l'effort et remplacé par la pilule du bonheur pour soigner le vague à l'âme.

Face à cette concurrence, le paché, illustre représentant de la culture tarine, devient une boisson désuète. Les nouvelles générations, plus sensibles au consumérisme qu'à leur environnement, renient cet héritage garantissant l'entretien et la variété des paysages, la valorisation d'un patrimoine foncier plus noble que la spéculation et la transmission d'une culture, essence même de notre civilisation. Cette perte d'identité reflète bien les paradoxes actuels

Globalisation/ identité

Santé/consommation de masse

Culture/prêt à penser

Pourtant, la capacité de produire un paché adapté aux nouveaux standards de consommation existe. Il est possible de produire un vin sain et naturel. Seule, la volonté individuelle fait défaut.

Nos voisins du Val d'Aoste et du Valais ont depuis longtemps saisi l'enjeu de sauvegarder la vigne dans leurs vallées. La dynamique de leur viticulture prouve l'intérêt économique et sociétal de cette démarche.

L'ASSOCIATION VIGNES DE TARENTAISE

Avec moins d'ambition, mais avec une forte volonté, l'association Vignes de Tarentaise, regroupant une poignée de vignerons et de passionnés de vin, soutenue par les autorités locales (APTV, Communauté de Communes du Canton d'Aime, commune de la Côte d'Aime), a décidé de regrouper toutes les énergies pour relancer la tradition viticole en Tarentaise. Son but est de sensibiliser les habitants de la vallée à retrouver le chemin des vignes en vue d'entretenir leur héritage et de le transmettre dans un état correct.

L'association organise et propose une série d'actions destinées à tous les vignerons héroïques de la vallée et à toute personne désireuse de découvrir la passion viticole et œnologique :

  • des formations sur l'entretien du vignoble (taille, maladies, traitements, plantation),

  • un soutien aux nouveaux viticulteurs,

  • des formations sur la vinification,

  • des initiations à la dégustation,

  • des voyages œnologiques dans les vignobles de montagne,

  • une expertise aux collectivités de la vallée pour leur projet d'aménagement viticole,

  • etc…,

La viticulture en Tarentaise est un patrimoine plus que millénaire. Elle a traversé les âges et les tourmentes de l'histoire en toute humilité, mais peine à s'adapter aux contraintes et exigences de notre mode de vie actuel (consommation, loisirs).